Carrie & Nell ϟ L’alcool n’est qu’un lubrifiant pour toutes les rencontres qu’il peut offrir.

L’alcool n’est qu’un lubrifiant pour toutes les rencontres qu’il peut offrir.

Samedi soir. C’est le week-end. Je jette un regard dans le miroir de la salle de bain. Mes cheveux châtains sont remontés en une queue de cheval haute, mes yeux maquillés d’un trait de crayon et d’une fine couche de mascara noir. A peine un peu de fard à paupière. Et enfin, mes lèvres sont teintées de rouge. Absolument divine. J’enfile une paire de collant résille, et une petite robe noire simple en apparence, mais laissant apparaitre mon dos nu. C’est bon, je suis parfaite. Il m’en faut peu pour être parfaite, parce que je suis déjà belle au naturel. Je souris à mon propre reflet, mets la première paire de boucle d’oreille qui me tombe sous la main et je quitte la salle de bain en un claquement de porte.
Je prends mon sac à main, ma veste en cuire, oui ce n’est pas seulement une imitation. J’enfile ma paire d’escarpin, je sors une clope, la cale entre mes lèvres et je quitte l’appartement. Il est samedi soir. C’est le week-end. Et la fête n’attend plus que Nell Bradshaw pour débuter. Ou presque.

Je prends la direction du Bash, en scooter. Peu pratique en robe et en escarpin, j’vous l’accorde. Et puis, j’ai bien le luxe de me payer n’importe quelle voiture ou moto de marque, mais je suis simplement folle amoureuse de ces engins à deux roues, probablement complètement ringard, mais que je ramène à la mode rien quand touchant. Je vois déjà du monde devant le Bash, mais contrairement à d’habitude, je ne m’arrête pas devant. Je fais le tour, je gare mon scooter, j’enlève le casque et salue le beau gosse de la sécurité qui me laisse entrer sans problème. Celui-là je compte bien le gouter un de ces jours. Je laisse mes affaires à l’arrière. Mon sac, mon téléphone, mes clopes, mes clefs, mon casque… Je jette un coup d’œil à la montre. Je sais ce qui me reste à faire. Ce soir Nell Bradshaw est de la partie ! En tant que serveuse…

La question est pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’une fille comme moi perd du temps à travailler dans cette endroit alors que j’ai tout l’argent que je veux sans avoir besoin de travailler ? Tout simplement parce que la patronne m’a légèrement fait prendre conscience de certaine chose. Je n’ai pas 21 ans, pas l’âge pour boire. Et ça elle me l’a bien fait comprendre, allant même jusqu’à ne pas m’autoriser à entrer en ce lieu. Mais on a fait un genre de pacte. Si je promets de consommer peu d’alcool, j’ai le droit de venir. Si j’enfreins cette règle, je l’aide en venant travailler certaines soirées où elle n’a pas assez de monde. Et donc… Ce soir, je travaille. Au début, je trouvais ça à chier. Pour qui elle se prenait pour me sermonner et mettre en place ce genre de règle ? La première fois, je voulais même ne pas venir travailler. Et finalement je trouve ça de plus en plus cool… Carrie n’est pas si méchante que ça je crois. Et puis servir dans un endroit aussi brancher, ça permet de faire pleins de rencontre, surtout de beaux mâles. J’adore !
Je laisse échapper un soupire, je prends mon service dans exactement trente-trois minutes. J’ai largement le temps de consommer un ou deux trucs avant. Je m’avance vers le bar en slalomant entre les personnes déjà présentes et au lieu de me hisser sur le tabouret telle une habituée, je me glisse derrière, comme si s’était chez moi. A l’aise. Je me prépare un mojito et me retourne pour tomber nez-à-nez avec Carrie. « Tiens salut ! » Je lui souris, ne cachant pas le verre que j’ai à la main. De toute façon, sermons ou pas, je m’en fiche. Ou peut-être pas… Parce que je le veuille ou non, Carrie prend de plus en plus de place, et même si parfois je le déteste, j’aime bien avoir son avis, même si je n’en fais qu’à ma tête et que je ne l’écoute pas forcement.

L’alcool n’est qu’un lubrifiant pour toutes les rencontres qu’il peut offrir.

Plus clair, tu meurs. Je m’attendais à ce genre de discours. En fait, j’avais l’impression de connaitre Carrie depuis toujours, et j’aurais même mit ma main à couper qu’elle allait me dire un truc du genre. Je gardais un sourire aux lèvres, haussant les épaules et avalant une gorgée du breuvage. « Théoriquement je ne suis pas en faute puis-ce que mon service n’a pas encore commencé. » annonçais-je en amenant une nouvelle fois mon verre à mes lèvres. « Mais je ferais en sorte d’être apte à travailler, ne t’en fais pas. » Enfin, je dis ça je ne dis rien. Je ne peux pas prévoir à l’avance ma soirée. Qui sait, peut-être qu’on va m’offrir à boire, et si le mec en question et bien foutu, ça ne se refuse pas.
D’ailleurs, je détourne mon regard et balaye la pièce qui s’offre à moi du regard à la recherche d’une proie, d’un homme à séduire. Je lance un petit sourire à un beau blond d’une trentaine d’année qui passe par là et me tourne vers Carrie. « Tu sais, je crois que des fois, tu devrais prendre exemple sur moi. Bois un coup pendant le service, ça ne fais pas de mal, détend-toi et profite… Regarde ce mec qui vient de passer... Je suis à peu près sur qu’il serait prêt à tout pour finir sa soirée entre une paire de cuisse ! Et vue la manière dont il te regarde je crois que les tiennes lui plairait bien ! » Je ais pas pourquoi je dis ça. Sans doute parce que je sais, enfin je crois que Carrie est célibataire et trentenaire. A vrai dire j’en sais rien. Je lorgne rapidement sur ses mains et ne voit aucune trace d’une quelconque alliance. Mais ça ne veut rien dire. Peut-être qu’elle a quelqu’un dans sa vie, ou peut-être qu’elle n’est simplement pas ce genre de femme qui prend son pied pour une seule nuit avec un parfait inconnu. Je respecte. Bien que j’ai du mal à comprendre cela. Pourquoi se contenter d’une seule et unique personne, si la vie nous offre l’opportunité d’en avoir plusieurs ? Pourquoi se contenter de coucher avec la même personne alors qu’on peut varier les plaisirs ? Bon bien sur certains sont tellement bons qu’on en redemande, c’est ce qu’on appelle les sex friends. Je souris en lançant un regard plus ou moins suggestif à un mec plutôt pas mal foutu. « A moins que tu sois amoureuse de quelque. Auquel cas, c’est pas trop grave… T’as le droit de prendre du bon temps ! Je te sers un truc ? » C’est marrant, parce que je me comporte comme si c’est moi la plus âgée, la plus responsable, et comme si ici s’était chez moi. Alors qu’en faite, c’est tout le contraire. De toute façon je suis toujours comme ça, un vrai moulin à parole. Comme si j'étais incapable de contrôler ma bouche et que les mots franchissaient mes lèvres avant même que j'en prenne conscience.



J'ai l'impression que ma réponse est trop pourrie

L’alcool n’est qu’un lubrifiant pour toutes les rencontres qu’il peut offrir.

A sa réplique je lançais un vague regard au DJ. A fond dans son truc. J’étais plutôt admirative de ce genre de mec, du son qu’il produisait. Une fois, j’avais essayé, et le seul son que j’avais produit ressemblé à un démarrage louper d’une voiture des années 50. Bien qu’en réalité je n’ai pas la moindre idée de ce à quoi puisse ressembler ce genre de démarrage et ce genre de voiture. Lui donner des conseils ? Il se débrouillait parfaitement bien tout seul. En fait, j’avais la vague impression que Carrie voulait simplement ne pas me parler, éviter le sujet de sa vie sentimental et donc se débarrasser de moi. Ce qui me fit penser que je voyais probablement juste. Chose qu’elle confirma peu après, Carrie n’était pas le genre de femme à coucher de tous les côtés. Et sa vie sentimentale, comme sexuelle devait probablement être semblable au néant.
Pire encore, ma façon de faire la dérangeait. « Je sais que tu n’aimes pas trop ça. Mais crois-moi, c’est bon pour nous. Ils vont se sentir flatter si je les drague et vont vouloir probablement consommer plus et revenir car ils penseront avoir une chance. Ils vont sans doute appeler leurs potes en mentionnant ‘la serveuse trop chaudasse du Bash’ ce qui ramènera encore plus de clientèle. C’est bon pour les affaires. Et puis, c’est pas comme si ça me dérangeais... » Voilà qui était dit. En fait, je n’y avais jamais vraiment réfléchis. Je draguais juste pour draguer et pour ne pas finir ma nuit seule. Je chauffais parce que j’aimais faire ça et parce que je sais que je ne laisse pas les hommes indifférents. En aucun cas il était question de ramener plus de clientèle ou de faire consommer plus. Cet argument finalement pas trop mal je venais simplement de l’inventer pour trouver une excuse valable à mon comportement. « Je vais faire le tour de la boîte avec toi. Et je suis désolée si ce sujet te dérange, j’essaye simplement de t’aider et de te connaître. Chacun à un point de vue différent sur ça et j’aime bien connaître l’avis des gens et leur vie en général. Bien que par fois, je l’avoue, ça m’fait royalement chier. Mais là, ça m’intéresse vraiment. » Je parle. Je parle. Je parle. Et c’est que ça me donne soif. Je souris et porte mon mojito à ma bouche et le vide d’une seule et dernière gorgée. Quant j’étais petite, s’était pire. Je parlais encore plus, je m’agitais dans tous les sens, et je disais des choses qu’il ne fallait pas dire. Aujourd’hui, je suis plus grande, mon hyperactivité et ma logorrhée son toujours présents, mais j’arrive mieux à les contrôler. Disons que je dis toujours énormément de chose, mais je sais choisir mes mots… Parfois. « T’as raison on devrait parler d’autre chose. J’adore ta robe t’es vraiment canon comme ça ! Tu vas faire craquer plus d’un mâle ! » Je me mords la lèvre inférieure. Voilà que je parle encore de ça. En tant normal, avec quelqu’un d’autre, ça ne m’aurait rien fait. Pas avec Carrie, parce que je me rends compte que finalement je le respecte bien trop pour l’embêter et dire ce genre de chose. « Enfin bref… Vraiment jolie quoi. »




Ah ça va alors. Merci

L’alcool n’est qu’un lubrifiant pour toutes les rencontres qu’il peut offrir.

Je restais muette. Me mordant la langue violemment dans la bouche quitte à sentir le goût amer de mon propre sang, plutôt que de l'ouvrir une nouvelle fois et me faire encore réprimander par Carrie. Voilà maintenant que j'agis comme une fillette qui a peur de se faire gronder. On aura tout vu. Voilà même que l'idée de perdre se boulot et toute relation avec Carrie m'effraye. Comment est-ce que j'ai pu m'attacher à ça? Ça ne colle pas. Et pourtant. Je soupire en silence. Je ne changerais pas de comportement. Je tacherais juste d'être discrète en sa présence. Comme une enfant qui cache des choses à sa mère. J'arrive pas à croire qu'elle ait pris possession de moi au point que j'en arrive là. Nouveau soupire. Je laisse Carrie filer devant et fait signe au bon blond d'avant pendant qu'elle me tourne le dos. Si elle ne veut pas finir sa soirée avec lui, et bien c'est moi qui le ferait.
Je me fraye un chemin, je suis Carrie de près et finit par me retrouver à nouveau à ses côté. Fuir l'amour comme la peste? C'est aussi ce que je fais. Mais elle ne semble pas saisir. Avant, je ne parlais pas seulement d'amour, je parlais de sexe. Le sexe et l'amour sont deux choses totalement différentes qui peuvent parfois être associés, mais qui bien souvent ne le sont pas, ou alors que dans un sens. Pour ma part, ça ne l'est jamais. Je crois bien n'être jamais tombé amoureuse. Et je ne veux pas tomber amoureuse. Et combien même je tomberais amoureuse, jamais je ne l'avouerais. J'hoche la tête. Je peux parfaitement comprendre, et je comprend aussi que si je tiens à rester avec elle encore un petit moment il va falloir que je passe à un autre sujet. Tant pis, j'attaquerais ça une autre fois. Peut-être qu'avec un peu de chance, un soir, j'arriverais à l’entraîner dans mon délire et la faire boire suffisamment pour qu'elle me raconte tout une tonne de trucs. « D'accord... Je note, ne pas parler d'amour ou de cul à Carrie. » Je laisse échapper un soupire. Ce n'est pas à elle que je pourrais demander conseils sur certains de mes plan d'un soir ou alors mes coups réguliers. « On a qu'à parler de... » Je réfléchis, regarde les gens autour de moi et bizarrement cette endroit ne m'évoque que des sujets qui ne pourraient que déplaire à Carrie, du style 'T'as déjà consommer de la drogue? Moi oui, j'ai même...' ; 'Tu penses quoi des plans à plusieurs? Moi je couche avec deux frères, mais jamais les deux en même temps' ; 'T'as déjà couché avec une femme? moi, j'en ai déjà embrassé, mais j'ai jamais fais quoi que se soit d'autre avec...' Au fond, je ne la connais pas vraiment. Mais j'ai l'impression de la connaitre depuis toujours de savoir ce qui va lui plaire ou non. Par exemple, je sais que moi en général, je ne lui plait pas. Et que quand je suis avec elle, je fais un nombre incalculable d'effort pour lui plaire. Alors que d'habitude je m'en fou royalement qu'on m'apprécie ou pas. Si elle savait. Mais elle ne sait rien, tout comme je ne sais rien sur elle. « Dis, je me demandais, t'as toujours tenu cette boîte ou bien tu faisais quelque chose d'autre avant? Ou peut-être même que t'as un métier en parallèle. J'ai déjà vu ça, des gens qui ont un métier ordinaire le jour et qui le soir se transforme en reine de la nuit. J'adore! » Je souris, continuant toujours à faire le tour de la boîte en sa compagnie.

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Danseuse ? J’étais en train de m’imaginer Carrie légèrement plus jeune se trémoussant au milieu de mecs prêt à tout pour ne serais-ce que frôler ses nichons ou son cul. Je souris. « Danseuse ! Waouh. Et t’as pas envie de t’y remettre de temps en temps ? » S’était plutôt amusant de savoir ça. Mais ça m’apprenait une chose en plus. Carrie avait toujours fait parti de ce milieu. Moi pas. Parce que le métier qu’avait Carrie était le genre de métier que mes parents trouvaient désolant. Ils s’imaginaient probablement faire de moi quelqu’un de bien, d’intelligent, de connu, et donc dans la lignée des choses, quelqu’un de riche. Mais leur richesse à eux m’avait déjà tellement pourrie, rongé jusqu’à la moelle, que je n’avais pas vu l’utilité de faire de grandes études si j’obtenais déjà tout ce que je voulais sans rien faire. A quoi bon ? Bien sur, j’avais songé au fait que mes parents puissent me renier, me retirer mon héritage, tous l’argent, les villes qui vont avec… J’y avais pensé. Mais ils m’aimaient bien trop pour ça. Sinon, ils l’auraient déjà fait.
Alors quand j’ai arrêté le lycée après l’obtention de mon diplôme, je me suis dis que mon métier consisterait à dépenser sans compter, fêter, boire, coucher… Et puis j’ai rendu service en me déshabillant pour le projet d’art de mon meilleur ami. J’ai fais ça uniquement pour le fun et aussi pour l’aider. Et j’ai trouvé ça cool. Alors régulièrement, je sers de modèle à des artistes. Je me fais payer pour des shooting nue, parfois érotique. Parfois, je me rends dans des écoles d’arts et je reste immobile pendant des heures, pendant que des artistes peintres m’immortalisent à leur façon. Au début, s’était un peu intimidant, mais maintenant, plus rien ne me gêne. Et puis, c’est pas comme si mon corps était dégelasse à montrer et à regarder, bien au contraire. Je me fais payer. Mais pas toujours. Par exemple, quant il s’agit d’Adam mon meilleur ami, je pause volontairement nue, même que parfois, ça finit tout autrement… En fait, je m’en fiche un peu de l’argent. C’est comme ici… Je ne travaille pas vraiment pour l’argent. J’en ai déjà, j’en ai pas besoin de plus. Je fais juste ça, parce que ça me plait. « J’ai abandonné mes études après le lycée, et j’ai commencé à être modèle nue pour certains artistes. Je fais des photos nues, érotiques, parfois seule, parfois accompagnée. Je sers de modèle parfois en école d’art. » Pour moi, ça paraissait totalement normale. Mais en fait, mon métier était plutôt peu commun et décalé, non ?