MAGGIE ~ je me sens comme un fantôme fumant une clope adossé à sa pierre tombale.

Le diamant est énorme et elle saute de joie. Elle vient de réussir une belle étape de sa vie. Un homme riche qui ne semblait jurer que par elle vient de lui demander de l’épouser, bague à l’appui, dans un grand restaurant de Miami. Le sourire monte à ses lèvres rougies et elle pense à rajuster sa robe rouge moulante. La chose se déroule comme prévu car, bien sûr, Maggie avait vu venir à mille kilomètres cette demande en mariage. Il faut dire que Caleb, le gouverneur de l’Etat de Miami, n’est pas homme à savoir contenir son avidité, ce qui semble plutôt problématique dans son métier, ainsi elle avait percé à jour ses plans quand il était venu lui proposer ce repas au restaurant. Il faut également préciser qu’il y avait de là plusieurs semaines qu’ils n’étaient pas sortis tous les deux, en tête à tête, étant donné que Caleb court les galas et les meetings pour garder sa côte de popularité à son point maximal. Maggie était sûre depuis la veille qu’il désirait qu’elle devienne son épouse et pourtant cela n’était pas gagné dès le début. Ce cher gouverneur avait fait bien mauvaise impression à l’avocate de renom qu’est Maggie quand ils s’étaient rencontrés pour la première fois.

Ayant des démêlées avec la justice qu'il avait dans l’idée d’étouffer pour être certain de ne pas perdre les prochaines élections, Caleb O’Bryan s’était rendu dans un des cabinets les plus côtés de la ville et ayant le plus d’influence dans ce milieu qu’est la justice. Il n’avait pas pris la peine de s’entretenir avec la secrétaire concernant la personne qu’il allait voir et, en tant que bon machiste qui se respecte, il pensait évidemment avoir affaire à un homme brillant. Manque de chance, la personne qui lui ouvrit en se présentant comme étant le fameux Maître Jenssen n’avait pas du tout l’air d’être un homme… sa paires de seins proéminente rappelait même qu’il s’agissait d’une femme. Une femme qui était fortement séduisante mais qui n’avait cependant pas oublié d’être bête. Maggie avait immédiatement capté le visage décomposé de son nouveau client d’importance et s’empressa de le faire entrer, de le faire s’asseoir, avant de mettre les choses au clair. « Sans détour, je préfère vous expliquer ce qu’il en est, Monsieur O’Bryan. Vous êtes un homme, et gouverneur de l’etat de Miami, je suis une femme, oui, une femme, et l’avocate la plus respectée de Miami. Des questions ? » Elle voyait bien qu’elle le prenait quelque peu au dépourvu, et cela lui plaisait bien. Cet homme-là, quant à lui, lui déplaisait fortement. Elle ne comprenait pas comment la fortune pouvait rendre des gens aussi imbus de leur personne. Car, Caleb puait l’égo surdimensionné, Maggie le savait, et elle ne l’a toujours pas oublié. Pourtant, elle a su apprendre à connaître le second Caleb, ayant compris que cette femme-là était d’une force de caractère telle qu’il allait à coup sûr remporter son procès avec elle comme avocate, il fit tout en sorte pour se faire pardonner. Et la taille de guêpe et le visage parfait de miss Jenssen n’y étaient pas pour rien dans ses invitations à dîner. Elle le savait. Et en jouait, avec un malin plaisir. Elle refusa nombre de ses demandes. Avant d’accepter la sixième. O’Bryan n’en pouvait manifestement plus. Il avait décidé d’être l’homme le plus charmant qui soit et lui offrit même un bijou dès le premier soir. Or, Maggie était une femme qui aimait qu’on la couvre de cadeau. Adepte du luxe, elle continua à jouer son petit jeu histoire de rendre le gouverneur fout d’elle.

Et aujourd’hui, il lui passe la bague au doigt. Elle dépose ses lèvres contre les siennes puis relève son visage pour crier un : « Oui ! » . Elle allait devenir Madame O’Bryan. Et elle n’allait pas tarder à le regretter.